|
L’entre monde
L’entre monde est le titre d’une série de dessins au feutre d’Emmanuel Régent où figurent des bateaux qui sombrent. Des cargos, navires de guerre ou yachts en déperdition qui font sans doute référence au cynisme du monde capitaliste et à ses débordements. Les enjeux géopolitiques, migrations, guerres auxquels l’artiste fait allusion s’inscrivent dans son engagement du dessin qui, au-delà du choix des sujets, fait l’éloge de la lenteur par la technique utilisée. Emmanuel Régent dessine avec un feutre fin en remplissant de hachures les surfaces de papier durant des centaines d’heures : « Des petits traits noirs, des petits points, des petites tâches jusqu’à l’obsession pour infiltrer le réel et le peler à l’os jusqu’à l’âme. L’artiste n’est ni désabusé, ni ironique, ni cynique, il est dans la croyance. Sur cette seule distinction, je suis incliné à l’admirer. » (Rudy Ricciotti à propos du travail d’Emmanuel Régent, 2014). Il ne s’agit pas d’un positionnement moralisateur, mais seulement d‘un état des choses, une conscience de l’actualité traduit dans son travail par la « beauté » du drame. « Ce qui m’intéresse, c’est la limite avant la perte, juste avant l’effondrement complet de l’immeuble, de la file ou du navire. Ce moment de suspension juste avant de sortir de la ligne de visibilité, un dernier instant de conscience avant d’être absorbé par la disparition et de passer ailleurs et parfois sombrer. » (Emmanuel Régent) |
© 2014 emmanuel régent